La meilleure façon de marcher

Date de parution : Février 2012

Le bruit et la fureur de « Du goudron et des plumes » de Mathurin Bolze a laissé la place à la douceur et la souplesse. Le début du spectacle nous montre les quatre acrobates assis en fond de scène sous une tente de cordages. Après un court bavardage cacophonique, chacun d’eux se met à marcher à sa façon : l’un rampant, l’autre sur les bras, l’autre encore à genoux…
On perçoit rapidement que l’un des protagonistes a perdu l’usage de ses jambes, et cet élément ne manque pas de conférer une force émotionnelle supplémentaire aux évolutions du quatuor. La meilleure façon de marcher, c’est encore la leur, tiens, en s’entraidant l’un l’autre, en nous faisant percevoir (sans apitoiement aucun) la preuve par quatre du vivre ensemble. Avec ses forces, mais aussi ses faiblesses.
A plat ventre, sur des caisses ou dans les airs, la Cie Virevolt défend avec ce spectacle éminemment solidaire et généreux l’affirmation première que l’on est rien sans l’autre. Elle parvient aussi à tisser entre les corps un langage virtuose, poétique, mais parfois aussi drôle (comme dans ce ballet de jambes parfaitement synchro avec la bande-son). Et prône mine de rien le dépassement de soi dans un ballet aérien où les corps comme en apesanteur se libèrent peu à peu.

Bertrand Guyomar