Le cirque sublime par la magie de la danse

Date de parution : Décembre 2011

Un tatami rouge sombre, un espace pyramidal suggéré par quatre câbles tendus se rejoignant aux accroches, adoucis par une épaisse corde paresseuse lovée autour de l’un d’eux, quatre caissons à géométrie variable dessinent l’univers de « Des marches ». Trois costauds « soulevant des poids de cent kilos », une danseuse circassienne plus frêle mais vigoureuse se déplace à l’aveugle à la recherche les uns des autres : reptation, quadrupédie, imbrication des corps dans une relation d’interdépendance. Petit à petit se construisent les liens entre les êtres, entre le haut et le bas dans une alternance de la voltige et de la danse au sol. Un spectacle tout en tendresse et en beauté dont le ralenti éclaire les développements esthétiques et fait savourer les exploits acrobatiques, entrecoupés d’intermèdes brefs où les jeux de jambes, de pieds, de mains apportent la note qui détend, le clin d’oeil qui humanise le caractère hiératique de l’ensemble.

« J’ai adoré » disent les spectateurs interrogés. Et quelle surprise de découvrir au salut que l’un des protagonistes est handicapé !
Aurélie et Martin Cuvelier que le public Albertvillois a découvert dans « Hors-piste » en mars 2008, commentent le sens de leur création : « C’est de la difficulté que nous sommes partis. Déconstruire pour réinventer autour d’un concept, faire des différences et de la fragilité une force nouvelle qui allie la beauté et l’entraide. »
Fabien La sala, porteur aux qualités de mime, et Sébastien Spennato, illustrent bien cette synergie. Ce dernier, l’archer au fauteuil roulant de « Hors-piste » délivre ce message émouvant : « je me sentais déjà artiste à part entière ; ici privé de mon fauteuil roulant je me sens plus libre de mon corps, et plus créatif. En fait, la sollicitation de mes partenaires me conduit à réaliser des potentialités jusque-là inexplorées. »

René Palanque