Entre danse et voltige, la chorégraphe Aurélie La Sala présente une pièce virevoltante, Départ Flip. Quatre femmes, un homme, cinq paires de talons aiguilles et douze trapèzes… Pour une invitation à se départir de la gravité, dans tous les sens et toutes les directions.
Ballet aérien pour douze trapèzes et cinq trapézistes, avec Départ Flip, la chorégraphe et voltigeuse Aurélie La Sala compose une danse entre gravité et apesanteur. Prenant pour point de départ quatre femmes et un homme en talons aiguilles, Départ Flip réinvente le trapèze. Il y a la tradition circassienne : paillettes, odeur de popcorn, scène circulaire entre obscurité et éblouissement, peur de la chute, cris du public… Et il y a le cirque contemporain : des acrobates en talons à paillettes, qui dansent au sol, s’envolent dans les cordages, s’enchevêtrent, brouillent lignes et codes. Avec la compagnie Virevolt (fondée en 2001, avec Martin Cuvelier), Aurélie Cuvelier-La Sala explore ainsi la complexité des personnages. La part d’animalité de ces êtres humains un peu simiesques. Tête en l’air, tête en bas, sur une composition musicale d’Antoine Amigues, Départ Flip tend et gondole les cordes. Y compris celles de guitares, aux sonorités mi-spleen, mi-galopantes.
Départ Flip d’Aurélie La Sala : entre ciel et terre, trapèzes et talons aiguilles
Les cinq interprètes de Départ Flip — Hanna De Vletter, Margaux Favier, Dominique Joannon, Wanda Mañas, Javier Varela Carrera — peuplent la scène de leurs densités. Trapézistes, danseurs, acrobates, acteurs… Ils composent un moment d’interdisciplinarité où l’art du mouvement ne saurait se contenter de l’horizontalité. Un peu singes, avec leur agileté virtuose ; un peu singes, dans leur manière espiègle d’imiter les conventions sociales… Ils s’emparent de la verticalité, pour mieux s’échapper du bon usage. Recréant par là même une société autrement codifiée. Invitation à l’émancipation, à la recherche de liberté, Départ Flip met au défi ses acteurs et spectateurs. Celui de se décaler de leur condition humaine, à subir la gravité. Avec une scénographie qui déploie quantité de trapèzes, comme autant de saufconduits face au réel. Entre ciel et terre, les corps s’élèvent, s’enlèvent, s’appuient les uns sur les autres, structurent l’espace, comblent les vides, ouvrent des dialogues en suspension.
De la danse à la voltige : le trapèze et l’apesanteur comme antidote à la gravité
La chute au sol, les talons et leurs marches outrées, l’exagération qui s’affranchit pour grimper… Apprendre à marcher, mais aussi à tomber et à voler. Dans un groupe qui se compose, se réfléchit, se soutient et s’interpelle… Pour Départ Flip, Aurélie La Sala articule ainsi singularités et esprit de tribu. À travers des géométries variables et des structures mouvantes, en perpétuelle évolution. Faisant retour sur son parcours, elle mentionne notamment la rencontre, en 2010, avec Sébastien Spennato, privé de l’usage de ses jambes. Le spectacle Des Marches avait consisté, entre autres, à le faire voler. Ce qui impliquait alors une réinvention du trapèze et de la voltige. Attentive à explorer sa pratique, Aurélie La Sala compose ainsi des pièces où le mouvement mêle excellence et exploration. Poésie de l’envol et du réel, de la peur de tomber et des corps qui se portent, Départ Flip défie la gravité, par l’apesanteur.